La Forêt
La forêt tropicale humide de Bornéo est la patrie de nombreuses espèces animales ou végétales, dont certaines sont endémiques, autrement dit uniques et n’apparaissant nulle part ailleurs. Du calao rhinocéros, le blason du Sarawak, en passant par la fleur de Rafflesia à l’odeur pestilentielle de cadavre jusqu’à l’orang-outan, la troisième île de la planète par sa taille héberge une biodiversité fascinante. La préservation et la régénération des forêts tropicales humides jouent un rôle central dans la lutte contre le changement climatique. Les forêts tropicales humides non seulement ont une action régulatrice sur le climat et sur l’équilibre hydrique, mais elles préservent aussi le sol de l’érosion. Elles fournissent en outre bois, plantes médicinales, nourriture et de nombreuses matières premières, assurant dès lors la base vitale de nombreux groupes autochtones.
Déforestation
Au cours des cinq dernières décennies, près de 90 % de la forêt tropicale primaire a été déboisée au Sarawak, principalement pour l’industrie d’exportation. Durant de nombreuses années, le gouvernement du Sarawak a remis des licences et soutenu les défrichages à grande échelle. La protection de la forêt et la renaturation des zones dégradées quant à elles ne progressent, le cas échéant, qu’extrêmement lentement. Nombre d’entreprises s’intéressent davantage aux plantations d’espèces importées à croissance rapide ou aux palmiers à huile, qui lessivent les sols et déciment la biodiversité.
Lutte contre la destruction de la forêt tropicale
Le recul de la forêt au Sarawak a des répercussions dramatiques sur le climat mondial, les écosystèmes régionaux et la qualité de vie de la population autochtone. Les Penan luttent depuis de nombreuses années pour défendre leur mode de vie et leur forêt. Grâce à la mise en place de barricades, ils ont réussi à préserver certaines zones de forêts primaires. Par le biais de plaintes territoriales, ils réclament par ailleurs les droits sur leurs territoires traditionnels. Le Bruno Manser Fonds soutient la mise en place de barricades aussi bien que les actions en justice et mène des campagnes contre les défrichages et l’extension des plantations. En 2019, il a réussi à prévenir la déforestation de 4’400 hectares de forêt tropicale humide pour la mise en place d’une plantation de palmiers à huile à proximité du parc national de Mulu. Le Bruno Manser Fonds s’investit également au niveau du marché suisse et recommande de renoncer tant au bois tropical qu’à l’huile de palme.
Reforestation
Lorsque le thème du reboisement est à l’agenda politique, il est généralement question de plantations d’essences à croissance rapide, non indigènes (p.ex. acacia). Dans les faits, il est urgent d’assurer la régénération de la biodiversité et la protection de la forêt, du sol et du cycle hydrique. Pour protéger la forêt efficacement, il faut reboiser de manière ciblée avec des essences indigènes et préserver de manière cohérente des défrichages les zones de forêts intactes. C’est la seule manière pour la forêt tropicale de remplir sa fonction écologique et, de la sorte, d’assurer la base vitale des populations locales et la stabilisation de notre climat.
Dans le cadre d’un nouveau projet, le Bruno Manser Fonds s’engage directement pour la protection du climat et pour la forêt tropicale: dans la région du projet de Baram Peace Park, les Penan ont créé une pépinière locale avec le soutien du Bruno Manser Fonds. Les plants et les semences sont mis en œuvre pour la régénération des surfaces de forêts et pour la reforestation au Sarawak. La pépinière constitue simultanément l’opportunité pour les Penan de générer un revenu alternatif pour se libérer de la dépendance envers les industries du bois et de l’huile de palme.